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Photo du rédacteurAnne Deporte

5/Partenariat avec la nature :

"La grande question "Ca ne marche pas… (soupir)"

POURSUIVRE LE TRAVAIL EN PARTENARIAT. Toutes les questions que j’ai listées pour vous aider sont des questions typiques que n’importe quel jardinier doit se poser. D’habitude, un jardinier prend les décisions de lui-même, ou il s’adresse à des copains jardiniers, un voisin, un parent ou des « experts » pour avoir les réponses. Un jardinier cocréatif ne consulte qu’une seule source d’information pour les réponses : la nature. Dans un véritable jardin instinctif, vous pouvez trouver des idées sur les questions à poser à travers des livres, mais vous n’aurez pas les réponses dans ces livres. C’est tout aussi vrai pour ce livre « Le Jardin de Perelandra », je vous dis comment vous lancer avec la nature, je vous indique des listes de questions à poser, mais je ne vous donne aucune réponse à ces questions. Toutes les réponses sont différentes car chaque jardin est différent des autres*.



Aussi, à partir de maintenant, faites évoluer votre jardin pas à pas avec la nature. Pour préserver l’équilibre du partenariat, à chaque étape de ce chemin, interrogez la nature :


. Qu’est-ce que je fais ensuite ?

. Comment voulez-vous que je fasse cela ?

. Que voulez-vous que j’utilise ?

. Voulez-vous que je le fasse maintenant ou plus tard ? Si plus tard, quand ?



CA NE MARCHE PAS !


Voilà où vous en êtes et rien ne fonctionne pour vous. Pas de certitude, pas d’intuition, pas de vision. Ou alors, vous pensiez que tout allait bien et puis vous regardez le dessin de votre nouveau jardin et ça ressemble à une espèce de labyrinthe qui aurait été dessiné par le poivrot du coin. Vous vous dites que vous n’avez pas eu la bonne information. Regardons-y de plus près. Vous êtes très vraisemblablement livré à vous-même. Vous vous sentez tendu, inquiet, vous avez peur de vous tromper et vous craignez que la nature ne vous prenne pour un imbécile.


Tout d’abord, la nature ne fonctionne pas en termes de jugement. C’est une chose qui nous est propre à nous les humains. Donc, si vous avez une sensation quelconque de jugement, cela vient de vous. Mettez ces pensées et sentiments de côté et arrêtez de vous punir. Bien entendu, si vous avez cette sensation d’être jugé parce que vous avez remarqué que votre famille et/ou vos amis vous prennent pour un dingue et que ces histoires de nature sont des âneries, c’est une situation différente. Je vous conseille de leur donner un joli sourire et de leur dire que oui, vous êtes dingo et qu’il va falloir qu’ils s’y fassent. Puis retournez à votre jardin.


En second lieu, j’ignore s’il existe une personne qui ne se soit pas sentie un peu tendue en commençant un partenariat cocréatif. Créer un partenariat avec quelqu’un d’autre, à titre personnel ou professionnel, est toujours un peu stressant au départ. Un partenariat cocréatif se fait avec l’intelligence de la nature. Maintenant, vous avez un partenaire que vous ne pouvez ni voir ni entendre. Le truc dans ces sensations est de les accepter comme « normales ». Puis, tournez votre attention vers votre jardin et faites tout ce que vous percevez intuitivement comme devant être fait ou déplacez-vous partout où votre instinct vous dirige. Voir à quel point votre jardin est différent, vivre la multitude de petits succès qui ont émergé de vos sensations instinctives et faire le constat que ces succès fonctionnent au-delà de ce que vous imaginiez, tout cela vous donnera confiance. La seule façon de quitter vos doutes et vos peurs, c’est d’agir et d’observer. Agir sur ce que vous sentez devoir faire et observer les différences et les succès. Croyez-moi. Vous ne pouvez pas « penser » votre façon de sortir du doute. Beaucoup ont essayé, ils ont échoué.


Quant à avoir peur de faire des erreurs, je peux vous dire, par expérience, que la nature est géniale quand il s’agit de me faire un cours de rattrapage lorsque je me suis trompée. Et en trente-cinq ans, ça m’est arrivé souvent. En fait, mes meilleurs enseignements sont venus d’erreurs que j’ai commises et il m’a fallu vivre les cours de rattrapage prodigués par la nature. J’ai de merveilleux souvenirs de ces moments vécus une fois sortie de la mortification d’avoir raté. La nature préfère cent fois nous donner un cours de rattrapage plutôt que de nous voir nous morfondre dans la crainte et de ne pas agir.


Si vous vous sentez toujours submergé par la crainte et le doute et que vous ne puissiez pas rester centré sur ce qui est en cours, quittez le jardin pour quelques jours. Vous pouvez même expliquer à votre partenaire votre problème et réclamer la compréhension dont vous avez besoin pour pouvoir vous détendre à propos de ce jardin et du partenariat. Puis, actionnez le bouton stop et allez faire quelque chose qui éloigne votre esprit du jardin. Faites une sieste. Allez manger ou boire quelque chose. Faites une promenade. Bref, lancez-vous dans quelque chose qui vous met à l’écart du jardin physiquement, émotionnellement, mentalement. Quand vous vous sentez mieux et que vous voulez tenter à nouveau votre chance, retournez au jardin, actionnez le bouton départ et dites à votre partenaire : « OK, on s’y remet ! » Reprenez là où vous en étiez.


Est-ce que la Nature Vous Ignore ?


Vos sensations instinctives ont bien fonctionné et vous avez bien progressé quand soudainement, vous êtes face à une décision ou une question et vous ne savez que faire. Vous vous dites : « Ce n’est pas le moment de m’abandonner, faut que je sois inspiré », mais votre instinct semble faire la pause-café. Tout ce que vous avez à dire, c’est « Nature, j’ai besoin d’aide, là, maintenant ». Puis faites la description du problème aussi complètement que possible (par exemple : Il y a des insectes qui sont en train de dévorer tous mes plants de brocoli, que voulez-vous que je fasse ?*). Expliquez la situation comme vous le feriez à un autre jardinier en faisant des pauses là où il est évident que des réponses puissent vous être apportées à ce moment. Si vous ne percevez toujours rien, prenez un peu de recul (soit vous quittez carrément le jardin, soit vous vous occupez d’autre chose dans le jardin). Dans les vingt-quatre à quarante-huit heures suivantes, vous aurez les réponses et les informations dont vous avez besoin. Cela peut venir de plusieurs manières : une intuition soudaine, instinctive alors que vous marchez dans la rue, ou un reportage à la télévision qui traite cette question et vous permet de comprendre l’information, ou encore une conversation avec une autre personne qui vous amène à ce moment où on se dit « Haha ! », ou votre bambin de trois-quatre ans qui vient vous voir pour vous dire un truc curieux qui d’une façon bizarre éclaire la question en suspens à vos yeux. La nature utilise tous les moyens propres à vous instruire et vous donner la certitude voulue. Donc, soyez attentif mais restez calme et patient. En revenant au jardin, dites l’information ou la compréhension qui est maintenant en vous et demandez si c’est approprié et s’il s’agit bien de la direction que la nature souhaite vous voir prendre. Si cela vous semble juste, si votre instinct vous dit « oui », utilisez l’information dans le jardin.


NOTE

* Gardez toujours en vous la possibilité que la nature réponde à ce genre de question par un : « Ne faites rien, ça va s’arranger tout seul ».

Il est aussi possible que la nature veuille que vous ne fassiez rien pour le moment, ce qui donne du temps aux ajustements naturels pour se produire. Plus tard, vous sentirez probablement devoir faire quelque chose pour faciliter la solution du problème à partir de votre perspective. Là, demandez : « Que voulez-vous que je fasse ? » (décrivez le problème tel que vous le percevez à ce moment-là)


Le Défi du Jardinier Instinctif


Travailler intuitivement, instinctivement, avec la nature dans un jardin instinctif a un côté gracieux, élégant, aisé. Mais, il y a un gros piège que chacun doit connaître et auquel il faut prêter attention. Ce tout petit truc bien énervant qu’on appelle le contrôle. Quand on travaille en partenariat instinctif, il est facile de se raconter des histoires et de prendre le contrôle. Nous essayons de prendre le contrôle sur quelque chose quand nous voulons « assurer » le fait d’obtenir ce que nous voulons ou sentons en accord avec nous. Les enjeux humains qui conduisent au contrôle relèvent de la peur de l’inconnu et de la croyance égocentrique que nous humains sommes supérieurs et que nous savons plus que quiconque ou que quoi que ce soit. Dès que vous activez votre jardin instinctif et votre partenariat avec la nature, votre plus grand défi sera d’arrêter de négliger votre instinct naturel pour vous réfugier dans la sécurité de ce que vous savez sur les pratiques traditionnelles des jardiniers ou de ce qu’on vous dit de faire. Ou de tout ce que vous avez appris dans des cours de biologie, de botanique ou d’agriculture. Plus vous vous fiez à votre instinct dans le jardin, plus forte devient la relation de travail avec la nature et moins vous aurez envie de contrôler ou dominer votre jardin et la nature. Et plus le jardin sera réussi.



Comment un Jardinier Instinctif Sait que l'Information Vient de la Nature


Il vous arrivera, surtout au début, de vous demander si vous êtes juste en train de vous parler ou si vous contrôlez le jardin et prenez les décisions tout seul. Vous allez vous demander : « Est-ce que la nature me donne vraiment cette information ? » Quand ça arrive, et c’est fréquent, songez à ce que vous avez fait dans votre jardin sur la base de l’intuition et de l’instinct. Auriez-vous su parvenir seul à toutes ces informations ou ce plan d’action ? Ou, est-ce au-delà de tout ce que vous auriez pu proposer ou même imaginé ? En bref, quand vous percevez qu’à certains moments, votre instinct a dépassé votre sens de la logique ou de vos connaissances, vous savez que la nature a travaillé avec vous. Quand vous vous dites : « Hum... voilà qui est intéressant » sur des idées ou des compréhensions, vous savez que la nature œuvre à vos côtés. Quand votre jardin va mieux, ou se sent mieux, que celui de votre voisin, vous savez que la nature travaille avec vous. Et si votre voisin vous dit que votre jardin est vraiment génial et vous demande comment vous vous y prenez, vous savez que la nature travaille avec vous.


Voici un petit tour que vous pouvez utiliser chaque fois que vous vous sentez balayé par le doute. Parlez-en à votre partenaire (la nature, pas votre épouse). Expliquez ce que vous ressentez et pourquoi vous doutez de tout ce bazar au jardin. Concluez en disant que vous apprécieriez un petit coup de main pour vous défaire de ce doute. Puis, soit vous tournez votre attention vers le jardin si c’est que vous sentez devoir faire, soit vous activez le bouton stop et vous quittez le jardin pour un jour ou deux. Il va se passer quelque chose qui vous convaincra que vous n’êtes pas dingue, que vous avez vraiment un partenaire bien réel capable de communiquer avec vous et que vous percevez correctement cette communication.


Texte de Machaelle Wright





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